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Page:Zola - L'Assommoir.djvu/14

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LES ROUGON-MACQUART.

serai pas là, et nous déjeunerons… Monte aussi un litre de vin.

Il ne dit pas non. La paix semblait se faire. La jeune femme achevait de mettre en paquet le linge sale. Mais quand elle voulut prendre les chemises et les chaussettes de Lantier au fond de la malle, il lui cria de laisser ça.

— Laisse mon linge, entends-tu ! Je ne veux pas !

— Qu’est-ce que tu ne veux pas ? demanda-t-elle en se redressant. Tu ne comptes pas, sans doute, remettre ces pourritures ? Il faut bien les laver.

Et elle l’examinait, inquiète, retrouvant sur son visage de joli garçon la même dureté, comme si rien, désormais, ne devait le fléchir. Il se fâcha, lui arracha des mains le linge qu’il rejeta dans la malle.

— Tonnerre de Dieu ! obéis-moi donc une fois ! Quand je te dis que je ne veux pas !

— Mais pourquoi ? reprit-elle, pâlissante, effleurée d’un soupçon terrible. Tu n’as pas besoin de tes chemises maintenant, tu ne vas pas partir… Qu’est-ce que ça peut te faire que je les emporte ?

Il hésita un instant, gêné par les yeux ardents qu’elle fixait sur lui.

— Pourquoi ? pourquoi ? bégayait-il… Parbleu ! tu vas dire partout que tu m’entretiens, que tu laves, que tu raccommodes. Eh bien ! ça m’embête, là ! Fais tes affaires, je ferai les miennes… Les blanchisseuses ne travaillent pas pour les chiens.

Elle le supplia, se défendit de s’être jamais plainte ; mais il ferma la malle brutalement, s’assit dessus, lui cria : Non ! dans la figure. Il était bien le maître de ce qui lui appartenait ! Puis, pour échapper aux regards dont elle le poursuivait, il retourna s’étendre sur le lit, en disant qu’il avait sommeil, et qu’elle ne lui cas-