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Page:Zola - L'Assommoir.djvu/310

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LES ROUGON-MACQUART.

voulait dire qu’on lui offrait un verre de vin. Même, il se promenait des heures devant la blanchisseuse, à attendre qu’elle battît de l’œil. Alors, pour ne pas être vu, il passait par la cour, il sifflait son verre en se cachant.

— Ah ! ah ! dit Lantier, quand il le vit entrer, c’est vous, Badingue !

Il l’appelait Badingue par blague, pour se ficher de l’empereur. Poisson acceptait ça de son air raide, sans qu’on pût savoir si ça l’embêtait au fond. D’ailleurs, les deux hommes, quoique séparés par leurs convictions politiques, étaient devenus très bons amis.

— Vous savez que l’empereur a été sergent de ville à Londres, dit à son tour Boche. Oui, ma parole ! il ramassait les femmes soûles.

Gervaise pourtant avait rempli trois verres sur la table. Elle, ne voulait pas boire, se sentait le cœur tout barbouillé. Mais elle restait, regardant Lantier enlever les dernières cordes, prise du besoin de savoir ce que contenait la malle. Elle se souvenait, dans un coin, d’un tas de chaussettes, de deux chemises sales, d’un vieux chapeau. Est-ce que ces choses étaient encore là ? est-ce qu’elle allait retrouver les loques du passé ? Lantier, avant de soulever le couvercle, prit son verre et trinqua.

— À votre santé.

— À la vôtre, répondirent Boche et Poisson.

La blanchisseuse remplit de nouveau les verres. Les trois hommes s’essuyaient les lèvres de la main. Enfin, le chapelier ouvrit la malle. Elle était pleine d’un pêle-mêle de journaux, de livres, de vieux vêtements, de linge en paquets. Il en tira successivement une casserole, une paire de bottes, un buste de Ledru-Rollin avec le nez cassé, une chemise brodée, un