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Page:Zola - L'Assommoir.djvu/336

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LES ROUGON-MACQUART.

eurent cinq heures de flâne devant eux, ils furent pris brusquement d’une joie bruyante, ils s’allongèrent des claques, se gueulèrent des mots de tendresse dans la figure, Coupeau surtout, soulagé, rajeuni, qui appelait les autres « ma vieille branche ! » On se mouilla encore d’une tournée générale ; puis, on alla à la Puce qui renifle, un petit bousingot où il y avait un billard. Le chapelier fit un instant son nez, parce que c’était une maison pas très propre : le schnick y valait un franc le litre, dix sous une chopine en deux verres, et la société de l’endroit avait commis tant de saletés sur le billard, que les billes y restaient collées. Mais, la partie une fois engagée, Lantier qui avait un coup de queue extraordinaire, retrouva sa grâce et sa belle humeur, développant son torse, accompagnant d’un effet de hanches chaque carambolage.

Lorsque vint l’heure du déjeuner, Coupeau eut une idée. Il tapa des pieds, en criant :

— Faut aller prendre Bec-Salé. Je sais où il travaille… Nous l’emmènerons manger des pieds à la poulette chez la mère Louis.

L’idée fut acclamée. Oui, Bec-Salé, dit Boit-sans-Soif, devait avoir besoin de manger des pieds à la poulette. Ils partirent. Les rues étaient jaunes, une petite pluie tombait ; mais ils avaient déjà trop chaud à l’intérieur pour sentir ce léger arrosage sur leurs abatis. Coupeau les mena rue Marcadet, à la fabrique de boulons. Comme ils arrivaient une grosse demi-heure avant la sortie, le zingueur donna deux sous à un gamin pour entrer dire à Bec-Salé que sa bourgeoise se trouvait mal et le demandait tout de suite. Le forgeron parut aussitôt, en se dandinant, l’air bien calme, le nez flairant un gueuleton.