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L’ASSOMMOIR.

concierge ensommeillée lui cria une histoire à laquelle elle n’entendit rien d’abord. Enfin, elle comprit que le sergent de ville Poisson avait ramené Coupeau dans un drôle d’état, et que la clef devait être sur la serrure.

— Fichtre ! murmura Lantier, quand ils furent entrés, qu’est-ce qu’il a donc fait ici ? C’est une vraie infection.

En effet, ça puait ferme. Gervaise, qui cherchait des allumettes, marchait dans du mouillé. Lorsqu’elle fut parvenue à allumer une bougie, ils eurent devant eux un joli spectacle. Coupeau avait rendu tripes et boyaux ; il y en avait plein la chambre ; le lit en était emplâtré, le tapis également, et jusqu’à la commode qui se trouvait éclaboussée. Avec ça, Coupeau, tombé du lit où Poisson devait l’avoir jeté, ronflait là dedans, au milieu de son ordure. Il s’y étalait, vautré comme un porc, une joue barbouillée, soufflant son haleine empestée par sa bouche ouverte, balayant de ses cheveux déjà gris la mare élargie autour de sa tête.

— Oh ! le cochon ! le cochon ! répétait Gervaise indignée, exaspérée. Il a tout sali… Non, un chien n’aurait pas fait ça, un chien crevé est plus propre.

Tous deux n’osaient bouger, ne savaient où poser le pied. Jamais le zingueur n’était revenu avec une telle culotte et n’avait mis la chambre dans une ignominie pareille. Aussi, cette vue-là portait un rude coup au sentiment que sa femme pouvait encore éprouver pour lui. Autrefois, quand il rentrait éméché ou poivré, elle se montrait complaisante et pas dégoûtée. Mais, à cette heure, c’était trop, son cœur se soulevait. Elle ne l’aurait pas pris avec des pincettes. L’idée seule que la peau de ce goujat toucherait sa peau, lui causait une répugnance, comme si on lui avait demandé de s’allonger à côté d’un mort, abîmé par une vilaine maladie.