Page:Zola - La Confession de Claude (Charpentier 1893).djvu/105

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yeux. Dans cette somnolence, il me semblait entendre la clameur du bal ; les cahots de la voiture m’enlevaient comme dans une danse furieuse, & les essieux, aux cris aigres, jouaient ces airs qui, toute la nuit, m’avaient empli les oreilles. Lorsque, fiévreux & obsédé, j’ouvrais les paupières, je regardais stupidement les murs de cette étroite caisse qui me paraissait pleine de fanfares & de tumulte. Puis je sentais un grand froid ; je me souvenais, retrouvant sous ma main la main glacée de Laurence. Au-dehors la pluie tombait, les lumières vacillantes fuyaient rapidement.

La fatigue l’emportait, & de nouveau j’étais entraîné au milieu de rondes gigantesques, sans cesse renaissantes. Il me semble aujourd’hui me souvenir vaguement d’avoir ainsi dansé pendant de longues heures. Je me trouvais cloué sur une banquette, au côté d’une femme qui frissonnait, &, je ne sais comment, je tournais dans une sorte de boîte qui roulait