Page:Zola - La Confession de Claude (Charpentier 1893).djvu/107

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hâte de rendre toutes les paroles, toutes les gaietés amassées.

Pendant près d’une heure, elle m’a entretenu des mille incidents du bal. Elle avait tout vu, tout entendu. C’étaient des exclamations sans fin, des joies soudaines, des souvenirs pressés & tumultueux. Un monsieur avait glissé de telle façon, une dame avait juré de telle autre ; Jeanne portait un costume de laitière qui lui seyait à merveille ; Louise était laide en Écossaise ; quant à Édouard, il avait certainement engagé sa montre le matin même. Et elle ne tarissait pas, trouvant toujours quelque nouveau détail, répétant dix fois le même fait plutôt que de se taire. Puis, comme le froid la prenait, elle s’est enfin couchée. Elle m’a affirmé ne s’être jamais tant amusée au bal & m’a fait jurer de l’y conduire de nouveau dès que je le pourrai. Elle s’est endormie ainsi, me parlant encore, riant dans son sommeil.

Ce brusque réveil, cette fièvre de paroles