Page:Zola - La Confession de Claude (Charpentier 1893).djvu/145

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

autour de l’horizon, rangées en cercle immense, des collines basses, dentelées, d’un bleu tendre ou d’un violet pâle, se découpant avec une netteté délicate sur l’azur dur & profond du ciel. J’ai encore sous les yeux ces paysages pénétrants de ma jeunesse ; je sens bien que je leur appartiens, que le peu d’amour & de vérité qui est en moi me vient de leur tranquille passion.

D’autres fois, vers le soir, lorsque le soleil déclinait, nous prenions la grande route blanche qui conduit à la rivière. Pauvre rivière, maigre comme un ruisseau, là resserrée, trouble & profonde, ici agrandie & coulant en nappe d’argent sur un lit de cailloux. Nous choisissions un des trous, au bord d’une berge élevée que les eaux avaient creusée, & nous nous baignions sous les arbres qui étendaient leurs rameaux. Les derniers rayons glissaient entre les feuilles, semant les ombrages sombres de trouées lumineuses, & venaient se poser sur la rivière en larges plaques d’or. Nous