Page:Zola - La Confession de Claude (Charpentier 1893).djvu/153

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nétrer jusque dans les dernières profondeurs de mon être pour l’interroger & lui demander compte de lui-même. C’est bien le moins que je sache comment il se fait que je suis infâme ; j’ai le droit de sonder ma plaie, au risque de me torturer & d’apprendre que j’en dois mourir.

Si, dans cette rude besogne, il m’arrive de me blesser plus que je ne le suis, si mon amour grandit en s’affirmant, j’accepte avec joie cette douleur plus grande, car la vérité brutale est nécessaire à ceux qui marchent librement dans la vie, n’obéissant qu’à leurs instincts.

J’aime Laurence & j’exige de mon cœur l’explication de cet amour. Je ne l’ai pas aimée tout d’un coup, comme on aime dans les histoires. Je me suis senti attiré peu à peu, dissout, pour ainsi dire, rongé & couvert en quelques jours par l’horrible plaie. Aujourd’hui, je suis pris tout entier ; je n’ai pas une fibre de ma chair qui n’appartienne à Laurence.