Page:Zola - La Confession de Claude (Charpentier 1893).djvu/193

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y a une clairière, une balançoire pend entre deux arbres.

Les bosquets étaient silencieux & déserts. Des hommes en blouses bleues, des paysans, se balançaient ; un gros chien se tenait gravement assis sur son derrière, au milieu de l’allée. Laurence & moi, nous nous sommes attablés sous un berceau, à une grande table de vingt couverts. Il faisait presque nuit sous les feuilles, la fraîcheur était pénétrante. Au loin, nous apercevions, entre les branches, la campagne éclatante de soleil, endormie sous les premiers rayons. Les acacias du massif avaient fleuri la veille ; les senteurs douces & suaves de leurs grappes emplissaient l’air calme & caressant.

On nous a mis une serviette sur le bout de la table, en guise de nappe, puis on nous a servi ce que nous avions demandé, des côtelettes, des œufs, je ne sais trop quoi. Le vin, contenu dans un petit broc de grès bleuâtre, égratignait le gosier ; un peu rude