Page:Zola - La Confession de Claude (Charpentier 1893).djvu/198

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quaient. Au plafond, des amants avaient tracé leurs noms, en promenant sur le plâtre la flamme d’une chandelle ; les lettres, noueuses & tremblées, s’étalaient larges, noires. J’ai pris un couteau, &, comme un enfant, j’ai gravé une simple date, au-dessous d’une lucarne en forme de cœur qui s’ouvrait sur la campagne, sans grille ni volet.

Le lit était bon, si la chambre n’était pas belle. Le matin, en m’éveillant, dans le demi-sommeil, j’ai aperçu sur le mur qui me faisait face, un spectacle que je n’ai pu comprendre et qui m’a épouvanté. La chambre était obscure encore ; au milieu de l’ombre, sur la muraille, saignait un cœur énorme. J’ai cru sentir ma poitrine vide, je me suis mis à chercher mon amour avec désespoir. J’ai senti mon amour me mordre aux entrailles, & j’ai compris que le soleil se levait & qu’il entrait librement par la lucarne.

Laurence s’est levée, nous avons ouvert