Page:Zola - La Confession de Claude (Charpentier 1893).djvu/209

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mon sang : je voudrais sortir mon cœur de ma poitrine, vous le montrer, saignant, malade, franc dans ses abjections & dans ses puretés. Je me sens plus haut & plus digne en me confessant à vous ; j’ai une fierté immense au milieu de mon abaissement ; plus je descends, plus je grandis en dédain, en indifférence superbe. La douce chose que la franchise ! Dites-vous que, sur dix jeunes gens, huit ont la même vie que moi, la même jeunesse : les uns, deux ou trois sur cent peut-être, s’effrayent, pleurent comme je pleure ; les autres, plusieurs milliers, acceptent & vivent en paix, infâmes & souriants. Tous mentent. Moi, je me blesse, je vous avoue en sanglotant quelles sont mes amours, de quel terrible poids elles m’étouffent.

Plus tard, je mentirai.

Rien n’existe, aujourd’hui, si ce n’est l’amour de Laurence, que je n’ai pas & que j’exige. Il n’y a plus de lumière, plus