Page:Zola - La Confession de Claude (Charpentier 1893).djvu/222

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de l’horrible étreinte dont crie toute ma chair.

Je ne sais comment les autres sont jaloux. Moi, je suis jaloux de tout mon corps, de tout mon cœur. Lorsque le doute est entré en moi, il veille, travaille impitoyablement ; il me blesse à chaque seconde, me fouille, entre toujours plus avant. La douleur est physique ; l’estomac se serre, les membres s’affaissent, la tête se creuse, il y a faiblesse & fièvre. Et, au-dessus de ces maux des nerfs & des muscles, je sens l’angoisse de mon cœur, profonde, éperdue, qui me presse, me brûle sans relâche. Une seule idée tourne sur elle-même dans le vide immense de ma pensée : je ne suis plus aimé, je suis trompé, & mon cerveau bat comme une cloche sous cet unique son, mes entrailles ont un même frémissement, tordues & déchirées. Rien n’est plus douloureux que ces heures de jalousie qui me frappent doublement dans la matière &