Page:Zola - La Confession de Claude (Charpentier 1893).djvu/227

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d’instruction. Mais, dès que je crois tenir une certitude, mon cœur éclate, ma chair tressaille, je suis plus qu’un enfant qui pleure, en sentant la réalité lui échapper.

J’aimerais à pénétrer la vie de mes compagnons, à fouiller les mystères ; j’ai la curiosité de tout ce que je ne sais pas, je me plais étrangement à ces délicates opérations de l’intelligence, en quête d’une solution inconnue. Il y a une volupté exquise à peser chaque mot, chaque souffle ; on n’a que quelques vagues données, & on arrive, par une marche lente & sûre, mathématique, à la connaissance de la vérité entière. Je puis mettre ma sagacité au service de mes frères. Lorsqu’il s’agit de moi, je suis agité d’une telle passion que je ne sais ni voir ni entendre.

Hier, je suis resté deux heures dans la chambre de Marie. La nuit était noire, humide. En face, sur la muraille nue, la fenêtre de Jacques jetait un carré de lumière jaune. Des ombres allaient & ve-