Page:Zola - La Confession de Claude (Charpentier 1893).djvu/242

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j’ai posé la tête sur son sein, l’oreille contre son cœur. Là, appuyé à cette femme, les yeux ouverts, regardant la mèche de la chandelle qui charbonnait, j’ai passé ma nuit à songer. J’entendais le râle de Marie, coupé de hoquets, qui me venait au travers de la cloison, berçant mes pensées.

J’ai songé. J’écoutais les battements réguliers du cœur de Laurence. Je savais que ce n’était là qu’un flot de sang, je me disais que je suivais dans leur cadence les bruits d’une machine bien réglée, & que la voix qui parvenait jusqu’à moi n’était que celle d’un mouvement d’horloge inconscient, obéissant à un simple ressort. Et pourtant je m’inquiétais, j’aurais voulu démonter la machine, aller la chercher pour en étudier les plus minces pièces ; je songeais sérieusement, dans ma folie, à ouvrir ce sein, à prendre ce cœur & à voir pourquoi il battait d’une façon si douce & si profonde.

Marie râlait, le cœur de Laurence bat-