Page:Zola - La Confession de Claude (Charpentier 1893).djvu/265

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démence me venir dans ce désert où tu me traînes ; j’ai le vertige en me penchant sur toi si profonde d’obscurité, de silencieuse horreur. Non, je ne puis vivre un jour de plus dans l’ignorance de ton amour ou de ton indifférence, je veux que tu t’expliques sur l’heure, que tu te fasses enfin connaître. Mon esprit est las de chercher, il est plein des tristes solutions qu’il a voulu se donner de ton être. Si tu ne veux pas que mon cœur & ma tête éclatent, nomme-toi, dis qui tu es, assure-moi que tu n’es pas morte, que tu as encore assez de sang pour m’aimer ou pour me haïr. J’en suis à la folie. Écoute, nous partirons demain pour la Provence. Te souviens-tu des grands arbres de Fontenay ? Là-bas, sous le large soleil, les arbres sont plus fiers, plus puissants. Nous vivrons une vie d’amour sur cette terre ardente qui te rendra ta jeunesse & te donnera une beauté sombre, passionnée. Tu verras. Je sais, dans un trou semé d’herbe fine, une petite