Page:Zola - La Confession de Claude (Charpentier 1893).djvu/281

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où se meurt une jeune fille. Ce silence est un silence étrange, particulier, d’une douceur exquise, plein de larmes contenues. Les bruits, un choc de verre, le craquement d’un meuble, s’adoucissent, se traînent comme des plaintes étouffées ; les cris du dehors entrent en murmures de pitié, de miséricordieux encouragements. Tout se tait, le son & la lumière ; tout est pénétré de douleur & d’espérance. Et, dans l’ombre, dans le silence, on entend un vague désespoir qui vient on ne sait d’où, & qu’accompagne le souffle déchiré de la moribonde.

Je regarde Marie. Je me sens peu à peu pénétré par cette invisible haleine de pitié consolante qui emplit la chambre. Mes yeux se reposent de leurs larmes dans cette clarté pâle ; mes oreilles, dans ce silence frissonnant, oublient pour une heure le bruit de mes sanglots. Toute la douceur, toutes les attentions délicates, toutes les paroles basses & caressantes que l’on a