Page:Zola - La Confession de Claude (Charpentier 1893).djvu/293

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J’aurais dû me retirer de cette fenêtre, ne pas m’abandonner à la vue des deux ombres. Ce que j’ai souffert en quelques minutes est indicible ; il me semblait que l’on m’arrachait les entrailles, & je ne pouvais pleurer.

La vérité se faisait claire, inexorable : peu importait que Jacques aimât ou n’aimât pas Laurence. Laurence se pendait à son cou, se donnait à lui, & elle était désormais morte pour moi. Là était la seule réalité, le dénoûment appelé & redouté à la fois.

Dans le sourd grondement qui agitait mon être, j’ai senti tout s’écrouler en moi, j’ai compris que je restais sans croyance, sans amour, & je suis allé m’agenouiller devant le lit de Marie, en sanglotant.

Marie s’est éveillée, elle a vu mes larmes. Elle a fait un effort surhumain &, frissonnante de fièvre, s’est mise sur son séant. Je l’ai vue se pencher, appuyant sa tête à mon épaule, j’ai senti son bras maigri