Page:Zola - La Confession de Claude (Charpentier 1893).djvu/37

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

& ornée de nœuds en velours. Elle était jetée dans un coin, parmi les autres chiffons, roulée en paquet, fripée, tachée encore de la boue de la veille. Je l’ai relevée & l’ai pendue à un clou.

Las, ne trouvant pas de siège, je suis venu m’asseoir au pied du lit. Je commençais à comprendre où je me trouvais. La fille dormait toujours ; elle était maintenant en pleine lumière. J’ai cru m’être trompé en la déclarant laide, & je me suis pris à la contempler. Un sommeil plus doux avait mis à ses lèvres un vague sourire ; ses traits s’étaient détendus, la souffrance passée donnait à sa laideur une sorte de beauté douce & amère. Elle reposait, triste & résignée. Son âme semblait profiter du repos de son corps pour monter à sa face.

C’était donc là cette misère immonde, étrange assemblage de soie bleue & de fange. Ce grenier était le bouge infâme de la luxure affamée marchandant sa satiété ;