Page:Zola - La Confession de Claude (Charpentier 1893).djvu/81

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m’aura pas entendu, je ne l’aurai pas comprise.

J’ai pensé devoir revenir sur mes pas pour prendre Laurence telle qu’elle est & lui faire parcourir la route que ses pieds humains lui permettent. J’ai voulu étudier la vie avec elle, descendre pour tâcher de remonter ensemble. Puisqu’il me fallait tâtonner dans ce rude labeur, c’est du dernier degré que j’ai désiré partir.

Ne serait-ce pas une assez grande récompense si je l’amenais à me donner tout l’amour dont elle est capable ? Frères, je crains bien que nos rêves ne soient pas seulement des mensonges ; je les sens petits & puérils en face d’une réalité dont j’ai vaguement conscience. Il est des jours où plus loin que les rayons & les parfums, plus loin que ces visions indécises que je ne puis posséder, j’entrevois les contours hardis de ce qui est. Et je comprends que là est la vie, l’action, la vérité, tandis que, dans le milieu que je me crée, s’agite un