Page:Zola - La Confession de Claude (Charpentier 1893).djvu/97

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XII

Ô mes souvenirs, compagnons fidèles, je ne puis faire un pas en ce monde sans que vous vous dressiez devant moi ! Lorsque, Laurence au bras, du haut d’une galerie, j’ai jeté un regard rapide autour de la salle pleine de bruits & de lumière, j’ai revu, dans une vision soudaine & douloureuse, l’aire pavée de cailloux où les filles de Provence dansent, le soir, au son du fifre & du tambourin. Comme nous nous moquions alors ! Les paysannes, non pas celles de nos songes, celles qui avaient des visages & des cœurs de reines, mais les pauvres créatures que la terre ardente flétrit avant le temps, nous paraissaient sauter avec lourdeur, nous jetant un rire niais au passage. Nos yeux se fermaient à toute