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Page:Zola - La Débâcle.djvu/272

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descendit devant l’hôtel, se mit à expliquer au milieu d’un groupe la route parcourue, de la Moncelle à Givonne, tout le long de la petite vallée, parmi les soldats du 1er corps, que les saxons avaient refoulés sur la rive droite du ruisseau ; et l’on était revenu par le chemin creux du Fond de Givonne, dans un tel encombrement déjà, que même, si l’empereur avait désiré retourner sur le front des troupes, il n’aurait pu le faire que très difficilement. D’ailleurs, à quoi bon ?

Comme Delaherche écoutait ces détails, une détonation violente ébranla le quartier. C’était un obus qui venait de démolir une cheminée, rue Sainte-Barbe, près du Donjon. Il y eut un sauve-qui-peut, des cris de femmes s’élevèrent. Lui, s’était collé contre un mur, lorsqu’une nouvelle détonation brisa les vitres d’une maison voisine. Cela devenait terrible, si l’on bombardait Sedan ; et il rentra au pas de course rue Maqua, il fut pris d’un tel besoin de savoir, qu’il ne s’arrêta point, monta vivement sur les toits, ayant là-haut une terrasse, d’où l’on dominait la ville et les environs.

Tout de suite, il fut un peu rassuré. Le combat avait lieu par-dessus la ville, les batteries allemandes de la Marfée et de Frénois allaient, au delà des maisons, balayer le plateau de l’Algérie ; et il s’intéressa même au vol des obus, à la courbe immense de légère fumée qu’ils laissaient sur Sedan, pareils à des oiseaux invisibles au fin sillage de plumes grises. Il lui parut d’abord évident que les quelques obus qui avaient crevé des toitures, autour de lui, étaient des projectiles égarés. On ne bombardait pas encore la ville. Puis, en regardant mieux, il crut comprendre qu’ils devaient être des réponses aux rares coups tirés par les canons de la place. Il se tourna, examina, vers le nord, la citadelle, tout cet amas compliqué et formidable de fortifications, les pans de murailles noirâtres, les plaques vertes des glacis, un pullu-