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Page:Zola - La Débâcle.djvu/369

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par l’étroit vallon, profondément encaissé, se trouvaient d’autres propriétés, à la lisière d’un bois.

Henriette s’inquiéta de cette porte brutalement ouverte.

— Ils n’y sont plus, ils auront dû partir.

En effet, Dubreuil s’était résigné, la veille, à emmener sa femme et ses enfants à Bouillon, dans la certitude du désastre qu’il prévoyait. Pourtant, la maison n’était pas vide, une agitation s’y faisait remarquer de loin, à travers les arbres. Comme la jeune femme se hasardait dans la grande allée, elle recula, devant le cadavre d’un soldat prussien.

— Fichtre ! s’écria Rochas, on s’est donc cogné déjà par ici !

Tous alors voulurent savoir, poussèrent jusqu’à l’habitation ; et ce qu’ils virent les renseigna : les portes et les fenêtres du rez-de-chaussée avaient dû être enfoncées à coups de crosse, les ouvertures bâillaient sur les pièces mises à sac, tandis que des meubles, jetés dehors, gisaient sur le gravier de la terrasse, au bas du perron. Il y avait surtout là tout un meuble de salon bleu-ciel, le canapé et les douze fauteuils, rangés au petit bonheur, pêle-mêle, autour d’un grand guéridon, dont le marbre blanc s’était fendu. Et des zouaves, des chasseurs, des soldats de la ligne, d’autres appartenant à l’infanterie de marine, couraient derrière les bâtiments et dans l’allée, lâchant des coups de feu sur le petit bois d’en face, par-dessus le vallon.

— Mon lieutenant, expliqua un zouave à Rochas, ce sont des salops de Prussiens, que nous avons trouvés en train de tout saccager ici. Vous voyez, nous leur avons réglé leur compte… Seulement, les salops reviennent dix contre un, ça ne va pas être commode.

Trois autres cadavres de soldats prussiens s’allongeaient sur la terrasse. Comme Henriette, cette fois, les regardait fixement, sans doute avec la pensée de son mari, qui lui