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Page:Zola - La Débâcle.djvu/442

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la belle humeur régnaient-elles, malgré la bêtise des uns et la mauvaise tête des autres. Pour la nuit, d’abord, il leur avait trouvé un endroit à peu près sec, entre deux rigoles, où ils s’étaient allongés, n’ayant plus, à eux tous, qu’une toile. Ensuite, il venait de se procurer du bois et une marmite, dans laquelle Loubet leur avait fait du café, dont la bonne chaleur les ragaillardissait. La pluie ne tombait plus, la journée s’annonçait superbe, on avait encore un peu de biscuit et de lard ; et puis, comme disait Chouteau, ça faisait plaisir, de ne plus obéir à personne, de flâner à sa fantaisie. On avait beau être enfermé, il y avait de la place. Du reste, dans deux ou trois jours, on serait parti. Si bien que cette première journée, la journée du 4, qui était un dimanche, se passa gaiement.

Maurice lui-même, raffermi depuis qu’il avait rejoint les camarades, ne souffrit guère que des musiques prussiennes, qui jouèrent toute l’après-midi, de l’autre côté du canal. Vers le soir, il y eut des chœurs. On voyait, au delà du cordon des sentinelles, les soldats se promenant par petits groupes, chantant d’une voix lente et haute, pour célébrer le dimanche.

— Ah ! ces musiques ! finit par crier Maurice exaspéré. Elles m’entrent dans la peau !

Moins nerveux, Jean haussa les épaules.

— Dame ! ils ont des raisons pour être contents. Et puis, peut-être qu’ils croient nous distraire… La journée n’a pas été mauvaise, ne nous plaignons pas.

Mais, à la tombée du jour, la pluie recommença. C’était un désastre. Quelques soldats avaient envahi les rares maisons abandonnées de la presqu’île. Quelques autres étaient parvenus à dresser des tentes. Le plus grand nombre, sans abri d’aucune sorte, sans couverture même, durent passer la nuit, au plein air, sous cette pluie diluvienne.

Vers une heure du matin, Maurice que la fatigue avait