secours lui était parvenue, au travers des lignes prussiennes, il avait bien tenté un dernier effort, sur la rive droite, à Noiseville, mais si mollement, que, le 1er septembre, le jour même où l’armée de Châlons était écrasée à Sedan, celle de Metz se repliait, définitivement paralysée, morte pour la France. Le maréchal, qui, jusque-là, avait pu n’être qu’un capitaine médiocre, négligeant de passer lorsque les routes restaient ouvertes, véritablement barré ensuite par des forces supérieures, allait devenir maintenant, sous l’empire de préoccupations politiques, un conspirateur et un traître.
Mais, dans les journaux que le docteur Dalichamp apportait, Bazaine restait le grand homme, le brave soldat, dont la France attendait encore son salut. Et Jean se faisait relire des passages, pour bien comprendre comment la troisième armée allemande, avec le prince royal de Prusse, avait pu les poursuivre, tandis que la première et la deuxième bloquaient Metz, toutes les deux si fortes en hommes et en canons, qu’il était devenu possible d’y puiser et d’en détacher cette quatrième armée, qui, sous les ordres du prince royal de Saxe, avait achevé le désastre de Sedan. Puis, renseigné enfin, sur ce lit de douleur où le clouait sa blessure, il se forçait quand même à l’espoir.
— C’est donc ça que nous n’avons pas été les plus forts !… N’importe, on donne les chiffres : Bazaine a cent cinquante mille hommes, trois cent mille fusils, plus de cinq cents canons ; et bien sûr qu’il leur ménage un sacré coup de sa façon.
Henriette hochait la tête, se rangeait à son avis, pour ne pas l’assombrir davantage. Elle se perdait au milieu de ces vastes mouvements de troupes, mais elle sentait le malheur inévitable. Sa voix restait claire, elle aurait lu ainsi pendant des heures, simplement heureuse de l’amuser. Parfois, pourtant, à un récit de massacre, elle bégayait, les yeux emplis d’un brusque flot de larmes. Sans