prudence ; et elle les conduisit dans sa chambre, elle les posta à droite et à gauche de la fenêtre, qu’elle ouvrit, malgré le grand froid. Les ténèbres étaient profondes, la pièce ne se trouvait faiblement éclairée que par le reflet de la neige. Un silence de mort venait de la campagne, des minutes interminables s’écoulèrent. Enfin, à un petit bruit de pas qui s’approchaient, Silvine s’en alla, retourna s’asseoir dans la cuisine, où elle attendit, immobile, ses grands yeux fixés sur la flamme de la chandelle.
Et ce fut encore très long, Goliath rôda autour de la ferme, avant de se risquer. Il croyait bien connaître la jeune femme, aussi avait-il osé venir, simplement avec un revolver à sa ceinture. Mais un malaise l’avertissait, il poussa entièrement la fenêtre, allongea la tête, en appelant doucement :
— Silvine ! Silvine !
Puisqu’il trouvait la fenêtre ouverte, c’était donc qu’elle avait réfléchi et qu’elle consentait. Cela lui causait un gros plaisir, bien qu’il eût préféré la voir là, l’accueillant, le rassurant. Sans doute, le père Fouchard venait de la rappeler, quelque besogne à finir. Il éleva un peu la voix.
— Silvine ! Silvine !
Rien ne répondait, pas un souffle. Et il enjamba l’appui, il entra, avec l’idée de se fourrer dans le lit, de l’attendre sous les couvertures, tant il faisait froid.
Tout d’un coup, il y eut une furieuse bousculade, des piétinements, des glissements, au milieu de jurons étouffés et de râles. Sambuc et les deux autres s’étaient rués sur Goliath ; et, malgré leur nombre, ils n’arrivaient pas à maîtriser le colosse, dont le danger décuplait les forces. Dans les ténèbres, on entendait les craquements des membres, l’effort haletant des étreintes. Heureusement, le revolver était tombé. Une voix, celle de Cabasse, bégaya, étranglée : « Les cordes, les cordes ! » tandis que Ducat