éclairant l’abomination des nudités d’un tel luxe de bougies, qu’ils s’étaient incendiés eux-mêmes. Soudain, il y eut un fracas épouvantable. C’était, aux Tuileries, le feu, venu des deux bouts, qui atteignait la salle des Maréchaux. Les tonneaux de poudre s’enflammaient, le pavillon de l’Horloge sautait, avec une violence de poudrière. Une gerbe immense monta, un panache qui emplit le ciel noir, le bouquet flamboyant de l’effroyable fête.
— Bravo, la danse ! cria Maurice, comme à une fin de spectacle, lorsque tout retombe aux ténèbres.
Jean, bégayant, le supplia de nouveau, en phrases éperdues. Non, non ! il ne fallait point vouloir le mal ! Si c’était la destruction de tout, eux-mêmes allaient donc périr ? Et il n’avait plus qu’une hâte, aborder, échapper au terrible spectacle. Pourtant, il eut la prudence de dépasser encore le pont de la Concorde, de façon à ne débarquer que sur la berge du quai de la Conférence, après le coude de la Seine. Et, à ce moment critique, au lieu de laisser aller le canot, il perdit quelques minutes à l’amarrer solidement, dans son respect instinctif du bien des autres. Son plan était de gagner la rue des Orties, par la place de la Concorde et la rue Saint-Honoré. Après avoir fait asseoir Maurice sur la berge, il monta seul l’escalier du quai, il fut repris d’inquiétude, en comprenant quelle peine ils auraient à franchir les obstacles entassés là. C’était l’imprenable forteresse de la Commune, la terrasse des Tuileries armée de canons, les rues Royale, Saint-Florentin et de Rivoli barrées par de hautes barricades, solidement construites ; et cela expliquait la tactique de l’armée de Versailles, dont les lignes, cette nuit-là, formaient un immense angle rentrant, le sommet à la place de la Concorde, les deux extrémités, l’une, sur la rive droite, à la gare des marchandises de la Compagnie du Nord, l’autre, sur la rive gauche, à un bastion des remparts, près de la porte d’Arcueil. Mais le jour allait