Page:Zola - La Faute de l'abbé Mouret.djvu/192

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.


VIII


Le lendemain, dès l’aube, ce fut Serge qui appela Albine. Elle dormait dans une chambre de l’étage supérieur, où il n’eut pas l’idée de monter. Il se pencha à la fenêtre, la vit qui poussait ses persiennes, au saut du lit. Et tous deux rirent beaucoup, de se retrouver ainsi.

— Aujourd’hui, tu ne sortiras pas, dit Albine, quand elle fut descendue. Il faut nous reposer… Demain, je veux te mener loin, bien loin, quelque part où nous serons joliment à notre aise.

— Mais nous allons nous ennuyer, murmura Serge.

— Oh ! que non !… Je vais te raconter des histoires.

Ils passèrent une journée charmante. Les fenêtres étaient grandes ouvertes, le Paradou entrait, riait avec eux, dans la chambre. Serge prit enfin possession de cette heureuse chambre, où il s’imaginait être né. Il voulut tout voir, tout se faire expliquer. Les Amours de plâtre, culbutés au bord de l’alcôve, l’égayèrent au point qu’il monta sur une chaise pour attacher la ceinture d’Albine au cou du plus petit