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IX


Le lendemain matin, Albine voulut partir dès le lever du soleil, pour la grande promenade qu’elle ménageait depuis la veille. Elle tapait des pieds joyeusement, elle disait qu’ils ne rentreraient pas de la journée.

— Où me mènes-tu donc ? demanda Serge.

— Tu verras, tu verras !

Mais il la prit par les poignets, la regarda en face.

— Il faut être sage, n’est-ce pas ? Je ne veux pas que tu cherches ni ta clairière, ni ton arbre, ni ton herbe où l’on meurt. Tu sais que c’est défendu.

Elle rougit légèrement, en protestant, en disant qu’elle ne songeait pas même à ces choses. Puis, elle ajouta :

— Pourtant, si nous trouvions, sans chercher, par hasard, est-ce que tu ne t’assoirais pas ?… Tu m’aimes donc bien peu !

Ils partirent. Ils traversèrent le parterre tout droit, sans s’arrêter au réveil des fleurs, nues dans leur bain de rosée. Le matin avait un teint de rose, un sourire de bel