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LA FAUTE DE L’ABBÉ MOURET.

tant les haies laissaient tomber de rires gourmands. Le parc avait, dans cet heureux verger, une gaminerie de buissons s’en allant à la débandade, une fraîcheur d’ombre invitant à la faim, une vieillesse de bons arbres pareils à des grands-pères pleins de gâteries. Même, au fond des retraites vertes de mousse, sous les troncs cassés qui les forçaient à ramper l’un derrière l’autre, dans des corridors de feuilles, si étroits, que Serge s’attelait en riant aux jambes nues d’Albine, ils ne rencontraient point la rêverie dangereuse du silence. Rien de troublant ne leur venait du bois en récréation.

Et quand ils furent las des abricotiers, des pruniers, des cerisiers, ils coururent sous les amandiers grêles, mangeant les amandes vertes, à peine grosses comme des pois, cherchant les fraises parmi le tapis d’herbe, se fâchant de ce que les pastèques et les melons n’étaient pas mûrs. Albine finit par courir de toutes ses forces, suivie de Serge, qui ne pouvait l’attraper. Elle s’engagea dans les figuiers, sautant les grosses branches, arrachant les feuilles qu’elle jetait par derrière à la figure de son compagnon. En quelques bonds, elle traversa les bouquets d’arbousiers, dont elle goûta en passant les baies rouges ; et ce fut dans la futaie des aliziers, des azeroliers et des jujubiers que Serge la perdit. Il la crut d’abord cachée derrière un grenadier ; mais c’était deux fleurs en bouton qu’il avait pris pour les deux nœuds roses de ses poignets. Alors, il battit le bois d’orangers, ravi du beau temps qu’il faisait là, s’imaginant entrer chez les fées du soleil. Au milieu du bois, il aperçut Albine qui, ne le croyant pas si près d’elle, furetait vivement, fouillait du regard les profondeurs vertes.

— Qu’est-ce que tu cherches donc là ? cria-t-il. Tu sais bien que c’est défendu.

Elle eut un sursaut, elle rougit légèrement, pour la première fois de la journée. Et, s’asseyant à côté de Serge,