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Page:Zola - La Faute de l'abbé Mouret.djvu/357

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IX


L’église était silencieuse. Seule, la pluie, qui redoublait, mettait sous la nef un frisson d’orgue. Dans ce calme brusque, la colère du prêtre tomba ; il se sentit pris d’un attendrissement. Et ce fut le visage baigné de larmes, les épaules secouées par des sanglots, qu’il revint se jeter à genoux devant le grand Christ. Un acte d’ardent remerciement s’échappait de ses lèvres.

— Oh ! merci mon Dieu, du secours que vous avez bien voulu m’envoyer. Sans votre grâce, j’écoutais la voix de ma chair, je retournais misérablement à mon péché. Votre grâce me ceignait les reins comme une ceinture de combat ; votre grâce était mon armure, mon courage, le soutien intérieur qui me tenait debout, sans une faiblesse. Ô mon Dieu, vous étiez en moi ; c’était vous qui parliez en moi, car je ne reconnaissais plus ma lâcheté de créature, je me sentais fort à couper tous les liens de mon cœur. Et voici mon cœur tout saignant ; il n’est plus à personne, il est à vous. Pour vous, je l’ai arraché au monde. Mais ne croyez pas, ô mon