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LA FAUTE DE L’ABBÉ MOURET.

qu’il respirait longuement, n’osant encore remuer, de crainte d’être repris à la nuque. Il entendait toujours un grondement fauve derrière lui. Puis, cela était si doux de ne plus tant souffrir, qu’il s’oublia à goûter ce bien-être. Au-dehors, la pluie avait cessé. Le soleil se couchait dans une grande lueur rouge, qui semblait pendre aux fenêtres des rideaux de satin rose. L’église, maintenant, était tiède, toute vivante de cette dernière haleine du soleil. Le prêtre remerciait vaguement Dieu du répit qu’il voulait bien lui donner. Un large rayon, une poussière d’or, qui traversait la nef, allumait le fond de l’église, l’horloge, la chaire, le maître-autel. Peut-être était-ce la grâce qui lui revenait sur ce sentier de lumière, descendant du ciel ? Il s’intéressait aux atomes allant et venant le long du rayon, avec une vitesse prodigieuse, pareils à une foule de messagers affairés portant sans cesse des nouvelles du soleil à la terre. Mille cierges allumés n’auraient pas rempli l’église d’une telle splendeur. Derrière le maître-autel, des draps d’or étaient tendus ; sur les gradins, des ruissellements d’orfévrerie coulaient, des chandeliers s’épanouissant en gerbes de clartés, des encensoirs où brûlait une braise de pierreries, des vases sacrés peu à peu élargis, avec des rayonnements de comètes ; et, partout, c’était une pluie de fleurs lumineuses au milieu de dentelles volantes, des nappes, des bouquets, des guirlandes de roses, dont les cœurs en s’ouvrant laissaient tomber des étoiles. Jamais il n’avait souhaité une pareille richesse pour sa pauvre église. Il souriait, il faisait le rêve de fixer là ces magnificences, il les arrangeait à son gré. Lui, aurait préféré voir les rideaux de drap d’or attachés plus haut ; les vases lui paraissaient aussi trop négligemment jetés ; il ramassait encore les fleurs perdues, renouant les bouquets, donnant aux guirlandes une courbe molle. Mais quel émerveillement, lorsque toute cette pompe était ainsi étalée ! Il devenait le pontife d’une