Aller au contenu

Page:Zola - Le Capitaine Burle et 5 autres nouvelles.djvu/108

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

nantes. À chaque bruit de pas, la mère court à la porte, croit que ce sont enfin les secours promis. Six heures sonnent, rien n’est venu. Le crépuscule est boueux, lent et sinistre comme une agonie.

Brusquement, dans la nuit qui augmente, Charlot balbutie des paroles entrecoupées :

— Maman… maman…

La mère s’approche, reçoit au visage un souffle fort. Et elle n’entend plus rien ; elle distingue vaguement l’enfant, la tête renversée, le cou raidi. Elle crie, affolée, suppliante :

— De la lumière ! vite, de la lumière !… Mon Charlot, parle-moi !

Il n’y a plus de chandelle. Dans sa hâte, elle frotte des allumettes, les casse entre ses doigts. Puis, de ses mains tremblantes, elle tâte le visage de l’enfant.

— Ah ! mon Dieu ! il est mort !… Dis donc, Morisseau, il est mort !

Le père lève la tête, aveuglé par les ténèbres.

— Eh bien ! que veux-tu ? il est mort… Ça vaut mieux.

Aux sanglots de la mère, madame Bonnet s’est décidée à paraître avec sa lampe. Alors, comme les deux femmes arrangent proprement Charlot,