Page:Zola - Le Capitaine Burle et 5 autres nouvelles.djvu/163

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Et, brusquement, Thérèse sauta sur l’échine de Colombel, avec son ancienne élasticité de gamine féroce.

— Allons, va ! dit-elle, la voix changée, étranglée par sa passion d’autrefois.

Elle lui avait arraché sa canne, elle lui en battait les cuisses. Cramponnée aux épaules, le serrant à l’étouffer entre ses jambes nerveuses d’écuyère, elle le poussait follement dans l’ombre noire des verdures. Longtemps, elle le cravacha, activa sa course. Le galop précipité de Colombel s’étouffait sur l’herbe. Il n’avait pas prononcé une parole, il soufflait fortement, se roidissait sur ses jambes de petit homme, avec cette grande fille dont le poids tiède lui écrasait le cou.

Mais, quand elle lui cria : Assez ! il ne s’arrêta pas. Il galopa plus vite, comme emporté par son élan. Les mains nouées en arrière, il la tenait aux jarrets, si fortement, qu’elle ne pouvait sauter. C’était le cheval maintenant qui s’enrageait et qui enlevait la maîtresse. Tout d’un coup, malgré les cinglements de canne et les égratignures, il fila vers un hangar, dans lequel le jardinier serrait ses outils. Là, il la jeta par terre, et il la viola sur de la paille. Enfin, son tour était venu d’être le maître.

Thérèse pâlit davantage, eut les lèvres plus