Page:Zola - Le Capitaine Burle et 5 autres nouvelles.djvu/18

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.


II


Le Café de Paris, tenu par madame veuve Mélanie Cartier, se trouvait sur la place du Palais, une grande place irrégulière, plantée de petits ormes poussiéreux. À Vauchamp, on disait : « Viens-tu chez Mélanie ? » Au bout de la première salle, assez vaste, il y en avait une autre : « le Divan », très étroite, garnie de banquettes de moleskine le long des murs, avec quatre tables de marbre dans les angles. C’était là que Mélanie, désertant son comptoir où elle installait sa bonne Phrosine, passait la soirée avec quelques habitués, les intimes, ceux qu’on appelait dans la ville : « Ces messieurs du divan. » Cela notait un homme ; on ne le nommait plus qu’avec des sourires, où il entrait à la fois de la déconsidération et une sourde envie.

Madame Cartier était devenue veuve à vingt-cinq