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Page:Zola - Le Capitaine Burle et 5 autres nouvelles.djvu/188

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les rieuses fossettes. Cela était certain, le petit Colombel avait voulu l’emmener ; il l’avait serré au cou, tout mort qu’il était. Mais rien de ces choses n’existait plus ; il respirait largement l’odeur fraîche de la campagne ; il suivait des yeux le reflet d’argent de la rivière, entre les ombres veloutées des arbres ; et ce coin de nature lui semblait comme une promesse de paix, de bercement sans fin, dans une jouissance discrète et cachée.

Puis, il se rappela Thérèse. Elle l’attendait, il en était sûr. Il la voyait toujours en haut du perron ruiné, sur le seuil de la porte dont la mousse mangeait le bois. Elle restait toute droite, avec sa robe de soie blanche, garnie de fleurs d’églantier au cœur teinté d’une pointe de rouge. Peut-être pourtant le froid l’avait-il prise. Alors, elle devait être remontée l’attendre dans sa chambre. Elle avait laissé la porte ouverte, elle s’était mise au lit comme une mariée, le soir des noces.

Ah ! quelle douceur ! Jamais une femme ne l’avait attendu ainsi. Encore une minute, il serait au rendez-vous promis. Mais ses jambes s’engourdissaient, il craignait de s’endormir. Était-il donc un lâche ? Et, pour se secouer, il évoquait Thérèse à sa toilette, lorsqu’elle avait laissé tomber ses vêtements. Il la revoyait les bras levés, la gorge