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LA RIVIÈRE

I


Voici l’hiver. J’en aime les premières tristesses, douces comme des mélancolies, l’odeur forte des feuilles tombées et le frisson matinal de la rivière. Parfois, je prends ma barque, je vais m’attacher au fond du petit bras, entre les deux îles. Et là, dans cette mort sereine de l’été, je suis enfin seul, retiré du monde, pareil à un ermite des vieux âges.

Ah ! que tout est loin et que tout semble petit ! Pourquoi donc me suis-je passionné hier et quelle sotte ambition avais-je d’affirmer la vérité ? À cette heure, je me sens perdu comme un atome au sein de la vaste nature, je ne sais plus ce qui est vrai dans notre agitation de fourmilière, dans ces ba-