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II


C’était un hameau, éloigné du chemin de fer, ce qui expliquait son isolement. Les maisons s’en allaient à la débandade sur une berge élevée ; pourtant, lors des grandes crues, il arrivait parfois que la rivière entrait chez les habitants, et ils en étaient réduits à se visiter en barque. L’été, on descendait à la Seine par un talus gazonné où se croisaient des sentiers. Nous avions trouvé là un hôte bonhomme qui mettait toute son auberge à notre disposition. Les clients étaient rares, il n’avait que quelques paysans, le dimanche ; aussi était-il enchanté de cette aubaine de Parisiens, dont la bande lui arrivait pour des semaines.

Pendant trois ans, nous fûmes les rois de la contrée. L’auberge était petite ; quand nous tombions une douzaine, il fallait chercher des chambres dans le village. J’avais choisi pour moi une chambre chez le maréchal ferrant. J’ai toujours devant les yeux cette vaste pièce, avec son armoire de chêne colossale, ses murs blanchis à la chaux où étaient