Page:Zola - Le Capitaine Burle et 5 autres nouvelles.djvu/224

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réveillaient par un bavardage aigu. Pourtant, je me rendormais ; mais, vers six heures, j’entrais dans un branle assourdissant. En bas, le maréchal se mettait à la besogne. Ma chambre était juste au-dessus de la forge. Le soufflet ronflait avec une violence de tempête, les marteaux tombaient en cadence sur l’enclume, toute la maison sautait à cette musique. Mon lit, les premiers matins, me sembla secoué si rudement, que je dus me lever ; puis, je m’habituai, et, quand j’étais très las, les marteaux finissaient par me bercer.


III


Nous ne venions que pour la Seine et nous y passions nos journées. En trois ans, nous ne fîmes pas une promenade à pied ; tandis qu’il n’était point d’île, de petit bras, de baie que nous ne connussions. Les arbres du bord étaient devenus nos amis ; nous aurions dit le nombre des roches, nous étions chez nous à une lieue, en amont et en aval. Aujourd’hui, lorsque je ferme les yeux, ce bout de Seine se déroule encore, avec ses rideaux de