Page:Zola - Le Capitaine Burle et 5 autres nouvelles.djvu/66

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en mûrissant, ont pris la rondeur d’un fruit soyeux. Jamais elle n’a été plus belle. Quand elle entre dans un salon, avec ses cheveux d’or et le satin de sa gorge, elle paraît être un astre à son lever ; et les femmes de vingt ans la jalousent.

Le ménage du comte et de la comtesse est un de ceux dont on ne dit rien. Ils se sont épousés comme on s’épouse le plus souvent dans leur monde. Même on assure qu’ils ont vécu six ans très bien ensemble. À cette époque, ils ont eu un fils, Roger, qui est lieutenant, et une fille, Blanche, qu’ils ont mariée l’année dernière à M. de Bussac, maître des requêtes. Ils se rallient dans leurs enfants. Depuis des années qu’ils ont rompu, ils restent bons amis, avec un grand fond d’égoïsme. Ils se consultent, sont parfaits l’un pour l’autre devant le monde, mais s’enferment ensuite dans leurs appartements, où ils reçoivent des intimes à leur guise.

Cependant, une nuit, Mathilde rentre d’un bal vers deux heures du matin. Sa femme de chambre la déshabille ; puis, au moment de se retirer, elle dit :

— Monsieur le comte s’est trouvé un peu indisposé ce soir.