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Page:Zola - Le Naturalisme au théâtre, Charpentier, 1881.djvu/136

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Lorsque le costume devient plus exact, c’est que les décors le sont aussi, c’est que les acteurs se dégagent de la déclamation ampoulée, c’est enfin que les pièces étudient de plus près la réalité et mettent à la scène des personnages plus vrais. Aussi, pourrais-je faire, au sujet des décors, les mêmes réflexions que je viens de faire à propos du costume. Là aussi, nous semblons arrivés à la plus grande somme de vérité possible, lorsque de grands pas sont encore à faire. Il s’agirait surtout d’augmenter l’illusion, en reconstituant les milieux, moins dans leur pittoresque que dans leur utilité dramatique. Le milieu doit déterminer le personnage. Lorsqu’un décor sera étudié à ce point de vue qu’il donnera l’impression vive d’une description de Balzac, lorsque, au lever de la toile, on aura une première donnée sur les personnages, sur leur caractère et leurs habitudes, rien qu’à voir le lieu où ils se meuvent, on comprendra de quelle importance peut être une décoration exacte. C’est là que nous allons, évidemment ; les milieux, ces milieux dont l’étude a transformé les sciences et les lettres, doivent fatalement prendre au théâtre une place considérable ; et je retrouve ici la question de l’homme métaphysique, de l’homme abstrait qui se contentait de trois murs dans la tragédie, tandis que l’homme physiologique de nos œuvres modernes demande de plus en plus impérieusement à être déterminé par le décor, par le milieu, dont il est le produit. On voit donc que la voie du progrès est longue encore, aussi bien pour la décoration que pour le costume. Nous sommes dans la vérité, mais nous balbutions à peine.

Un autre point très grave est la diction. Certes,