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Page:Zola - Le Naturalisme au théâtre, Charpentier, 1881.djvu/182

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y pataugera au milieu d’enfantillages et de mensonges qui ne se peuvent plus tolérer. Aujourd’hui, le roman écrase le drame du poids terrible dont la vérité écrase l’erreur.

Je conseille à M. Sarcey d’interroger les étrangers de grande intelligence et de libre examen, des Russes, des Anglais, des Allemands. Il verra quelle est leur stupéfaction, en face de nos romans et de nos œuvres dramatiques. Un d’eux disait : « C’est comme si vous aviez deux littératures : l’une scientifique, basée sur l’observation, d’un style merveilleusement travaillé ; l’autre conventionnelle, toute pleine de trous et de puérilités, aussi mal bâtie que mal pensée. »

Nos critiques ne voient pas le fossé parce qu’ils barbotent dedans. Puis, il leur suffit que le monde entier applaudisse nos vaudevilles, comme il chante nos refrains idiots. Il n’en est pas moins vrai qu’il faut combler le fossé, que le fossé se comblera de lui-même et que le théâtre sera alors renouvelé par l’esprit d’analyse qui a élargi le roman. Je constate que l’évolution se fait depuis quelques années, d’une façon continue. L’homme de génie attendu peut paraître, le terrain est prêt. Mais, tant que l’homme de génie n’aura pas paru, les planches seront vides, car le génie seul compte et mérite d’être.

Cela m’amène à répondre, sur deux autres points, à M. Sarcey. J’ai dit qu’on imposait aux débutants le code inventé par Scribe, et j’ai ajouté que Molière ignorait le métier du théâtre, tel qu’il faut le connaître aujourd’hui pour réussir. Là-dessus, M. Sarcey me répond que Scribe est aujourd’hui en défaveur et que Molière était un « roublard ».

Vraiment, Scribe est en défaveur ? Eh bien ! et M. Hennequin, et M. Sardou