Page:Zola - Le Naturalisme au théâtre, Charpentier, 1881.djvu/192

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Un battant tient encore, selon moi ; j’y donne mon petit coup de cognée. Que chacun fasse comme moi, et le passage sera plus large.

Revenons au théâtre. Si dans le roman le triomphe du naturalisme est complet, je constate malheureusement qu’il n’en est pas de même sur notre scène française. Je ne rentrerai pas dans ce que j’ai dit vingt fois à ce sujet. L’autre jour, en répondant à M. Sarcey, j’ai, une fois de plus, donné mes arguments. Pour M. Henry Fouquier, il se déclare absolument satisfait ; notre théâtre contemporain l’enchante, il le trouve supérieur. Pour me convaincre, il m’envoie assister aux Fourchambault ; j’ai vu la pièce, j’en ai dit mon sentiment, et il est inutile que j’y revienne. Il n’y aurait qu’un moyen de me prouver que la formule naturaliste a donné au théâtre tout ce qu’elle doit donner : ce serait de poser en face de Balzac un auteur dramatique de sa taille, ce serait de me nommer une série de pièces qui se tiennent debout devant la Comédie humaine.

Si vous ne pouvez pas établir cette comparaison, c’est qu’à notre époque le roman est supérieur et et que le drame est inférieur. J’attends le génie qui achèvera au théâtre l’évolution commencée. Vous êtes satisfait de notre littérature dramatique actuelle, je ne le suis pas, et j’expose mes raisons. Plus tard, on saura bien lequel de nous deux se trompait.

Ce que j’abandonne volontiers à l’esprit si fin de M. Henry Fouquier, ce sont mes pièces sifflées. Là, il triomphe aisément, ayant l’apparence des faits pour lui. Il a bien lu dans mes pièces et dans mes préfaces des choses que je n’y ai jamais écrites ; mettons cela sur le compte de son ardeur à me convaincre. C’est chose