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Page:Zola - Le Naturalisme au théâtre, Charpentier, 1881.djvu/198

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notre histoire littéraire. Voilà ce que M. de Lapommeraye a établi, et il ne pouvait me faire un plus vif plaisir.

Seulement, où M. de Lapommeraye a voulu m’être désagréable, c’est lorsqu’il a ajouté que toutes les réformes demandées par Diderot ont été prises en considération, et qu’il n’y a pas lieu aujourd’hui de tenir compte des idées exprimées dans ma critique dramatique. Il fait ses politesses à Diderot, ce qui est naturel, puisque Diderot est mort. Mais ne se doute-t-il pas que les confrères de Diderot disaient dans leur temps, des théories de celui-ci, ce qu’il dit lui-même à cette heure de mes théories à moi ? C’est un sentiment commun à toutes les générations : les aînés ont eu raison, les contemporains ne savent ce qu’ils disent. Comme l’a tranquillement déclaré M. de Lapommeraye, le théâtre est parfait aujourd’hui, il doit rester immobile, la plus petite réforme en gâterait l’excellence.

Vraiment ? M. de Lapommeraye feint d’ignorer que tout marche, que rien ne reste stationnaire. Il est commode de dire : « Les améliorations réclamées par Diderot ont eu lieu, » ce qui, d’ailleurs, est radicalement faux, car Diderot voulait la vérité humaine au théâtre, et je ne sache pas que la vérité humaine trône sur nos planches. En tous cas si les améliorations avaient eu lieu, elles ne nous suffiraient plus, voilà tout. Il y a une somme de vérités pour chaque époque. Toujours des évolutions s’accompliront. Il faut qu’une langue meure pour qu’on dise à une littérature : « Tu n’iras pas plus loin. »