Page:Zola - Le Naturalisme au théâtre, Charpentier, 1881.djvu/27

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

avoir pour longtemps que modes et fantaisies passagères. Il est, je le dis encore, l’expression du siècle, et pour qu’il périsse, il faudrait qu’un nouveau bouleversement transformât notre monde démocratique.

Maintenant, il reste à souhaiter une chose : la venue d’hommes de génie qui consacrent la formule naturaliste. Balzac s’est produit dans le roman, et le roman est fondé. Quand viendront les Corneille, les Molière, les Racine, pour fonder chez nous un nouveau théâtre ? Il faut espérer et attendre.


III

Le temps semble déjà loin où le drame régnait en maître. Il comptait à Paris cinq ou six théâtres prospères. La démolition des anciennes salles du boulevard du Temple a été pour lui une première catastrophe. Les théâtres ont dû se disséminer, le public a changé, d’autres modes sont venues. Mais le discrédit où le drame est tombé provient surtout de l’épuisement du genre, des pièces ridicules et ennuyeuses qui ont peu à peu succédé aux œuvres puissantes de 1830.

Il faut ajouter le manque absolu d’acteurs nouveaux comprenant et interprétant ces sortes de pièces, car chaque formule dramatique qui disparaît emporte avec elle ses interprètes. Aujourd’hui, le drame, chassé de scène en scène, n’a plus réellement à lui que l’Ambigu et le Théâtre-Historique. A la Porte-Saint-Martin elle-même, c’est à peine si on lui fait une petite place, entre deux pièces à grand spectacle.

Certes, un succès de loin en loin ranime les coura