Page:Zola - Le Naturalisme au théâtre, Charpentier, 1881.djvu/303

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II

La première représentation au Gymnase de Châteaufort, une comédie en trois actes de madame de Mirabeau, m’a paru pleine d’enseignements. Pendant que le public tournait au comique les situations dramatiques, et que les critiques se fâchaient en criant à l’immoralité, je songeais qu’il y avait là un malentendu bien grand, j’aurais voulu pouvoir transformer d’un coup de baguette cette pièce mal faite en une pièce bien faite, et changer ainsi en applaudissements les rires et les indignations ; car, au fond, il s’agissait uniquement d’une question de facture.

Voici, en gros, le sujet de la pièce. Le marquis de Ponteville a donné sa fille Nadine en mariage à M. de Châteaufort, un homme de la plus grande intelligence, que le gouvernement vient même de charger d’une mission diplomatique. Puis, le marquis s’est remarié avec une demoiselle d’une réputation équivoque. Mais voilà que Nadine acquiert la preuve, par une lettre, que son mari a été l’amant de sa belle-mère. Le beau Châteaufort, l’homme irrésistible et magnifique, est un simple gredin. Précisément, il vient de commettre une première scélératesse. Aidé de la marquise, il a décidé le marquis à lui léguer le château de Ponteville, au détriment de Pierre, le frère aîné de Nadine. Celui-ci apprend tout par le notaire qui a rédigé le testament. Un singulier notaire qui, pour se venger d’avoir reçu des honoraires trop faibles, dénonce tout le monde, et apprend surtout à la marquise que Nadine a des rendez-vous avec M.