Page:Zola - Le Naturalisme au théâtre, Charpentier, 1881.djvu/323

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raconte au jeune homme que M. Darcey n’est pas son père. Naturellement, tout de suite après cet aveu, M. Darcey se présente. Il a été sauvé. Georges se jette d’abord dans ses bras, puis il se montre troublé, et une explication a lieu. A la fin de l’acte, le jeune homme, ajournant son mariage, part à la recherche de son père, pour venger sa mère.

On voit quels événements peu naturels les auteurs ont dû employer pour arriver à justifier leur donnée première. Je passe encore sur la singulière dépêche qui détermine le désespoir de Georges ; il y a là une histoire de capitaine remplacé pendant la traversée qui est enfantine. Ce qui est plus grave, c’est la situation fausse de ce jeune homme, dont la première idée est de se faire sauter la cervelle, parce que son père est mort. Je doute que les auteurs aient à citer un fait réel pour appuyer leur fable. Je ne dis point que la perte d’un être cher ne puisse pas tuer, après des journées de larmes. Mais, là, brusquement, prendre un pistolet, c’est bien peu vraisemblable. Évidemment, les auteurs n’ont pas eu d’autre but que d’amener la confidence de Borel, à l’aide de ce suicide. S’ils ont éprouvé un instant des scrupules, ils se sont ensuite persuadé que le désespoir de Georges allant jusqu’à vouloir mourir, était une excellente note pour leur pièce, en ce sens que ce désespoir montrait l’affection passionnée du jeune homme à l’égard de M. Darcey.

J’insiste maintenant sur la stupéfiante détermination du fils partant à la découverte de son père pour venger sa mère. M. Darcey lui a raconté que la malheureuse femme avait été violée dans une auberge des Pyrénées, près de Luchon. Longtemps il a cherché le