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Page:Zola - Le Naturalisme au théâtre, Charpentier, 1881.djvu/383

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ferme, on demande à son talent le plus grand effort possible, sachant que personne n’aura pour vous une complaisance. C’est dans ces périodes de combat, quand on vous nie et qu’on veut affirmer son existence, c’est alors qu’on produit les œuvres les plus fortes et plus intenses. Si la vogue vient, c’est un grand danger ; elle amollit et ôte l’âpreté de la touche.

Il n’y a donc pas, pour un artiste, une plus belle vie que vingt ou trente années de lutte, se terminant par un triomphe, quand la vieillesse est venue. On a conquis le public peu à peu, on s’en va dans sa gloire, certain de la solidité du monument que l’on laisse. Autour de soi, on a vu tomber les réputations de carton, les succès officiels. C’est une grande consolation que de se dire, dans toutes les misères, que la vogue est passagère et qu’en somme, quelles que soient les légèretés et les injustices du public, une heure vient où seules les grandes œuvres restent debout. Malheur à ceux qui réussissent trop, telle est la morale du cas de M. Offenbach !