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LE VŒU D’UNE MORTE.

contenterons, pour aujourd’hui, de raconter un des épisodes poignants de ce sinistre.

Une maison s’est enflammée si subitement par les parties basses qu’il a été impossible de porter le moindre secours aux habitants. On a entendu ces malheureux hurler d’épouvante et de douleur.

Tout d’un coup, une femme s’est montrée à une des fenêtres, tenant un jeune enfant entre les bras. D’en bas, on apercevait sa robe qui commençait à brûler. Le visage terrible, les cheveux dénoués, elle regardait devant elle, comme frappée de folie. Puis les flammes ont monté rapidement le long de ses jupes, et alors, fermant les yeux, serrant étroitement l’enfant contre sa poitrine, elle s’est précipitée d’un bond par la fenêtre.

Quand on est venu pour les relever, la mère avait le crâne brisé, mais l’enfant vivait encore, et tendait ses petites mains en pleurant, pour échapper à l’étreinte terrible de la morte.