Page:Zola - Le Vœu d’une morte, 1890.djvu/36

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les moyens de me tenir parole. Rappelez-vous seulement mon dernier vœu, et marchez droit. J’ai foi dans votre dévouement.

Daniel put enfin parler.

— Oh ! merci, merci, dit il. Je vais vivre maintenant. Que vous êtes bonne d’avoir songé à moi, d’avoir eu confiance en moi ! Jusqu’à la dernière heure, vous m’aurez comblé de vos bienfaits.

Blanche l’interrompit du geste.

— Laissez-moi finir. Ma fierté m’a empêchée de disputer ma fortune aux caprices de mon mari ; je lui ai, avec dédain, abandonné ce qu’il m’a demandé. Aujourd’hui, j’ignore où nous en sommes. Ma fille sera pauvre sans doute, et cette pensée est presque douce pour moi. Je regrette seulement de ne pouvoir vous laisser quelque argent.

— Ne regrettez rien, s’écria Daniel. Je travaillerai. Le ciel pourvoira à tout.

La mourante s’affaiblissait. Sa tête glissa sur l’oreiller, et d’une voix plus difficile :