Page:Zola - Le Vœu d’une morte, 1890.djvu/53

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ment là. Il s’était agenouillé et récitait à demi-voix les prières des agonisants.

Blanche s’affaiblissait de plus en plus. C’était la fin. Brusquement, elle se souleva, elle demanda sa fille. Comme M. de Rionne ne bougeait pas, Daniel qui était resté, muet, retenant ses larmes, courut chercher Jeanne, en train de jouer dans la pièce voisine. La pauvre mère, les yeux agrandis, comme folle, contempla sa fille, voulut tendre les bras. Mais elle ne put les soulever, et Daniel fut obligé de tenir Jeanne toute droite, les pieds appuyés sur le bois du lit.

L’enfant ne pleura pas. Elle regardait le visage bouleversé de sa mère, avec une sorte d’étonnement naïf.

Puis, comme ce visage se calmait, s’emplissait d’une joie céleste, rayonnait peu à peu de douceur, elle reconnut ce bon sourire, et elle aussi se mit à sourire. Elle tendit ses petites mains.

Et Blanche mourut ainsi, dans son sourire et dans le sourire de son enfant.